Faut que ça déchire...
Le premier septembre 1681 à Riom, « Jean Lacroix, fils de feu Jean et de feue Louise Voisel, de cette paroisse d'une part et Catherine Ebry, veuve de Jacques Ribeyre vivant tisserand, aussy de cette paroisse d'autre, ont esté fiancés ». Cet engagement fut concrétisé quelques semaines plus tard, le 22 octobre plus précisément.
En effet à cette date « Jean Lacroix, maître bonnetier [...] et Catherine Eybry [...] se sont épousé dans l'église du prieuré de Saint-Jean [...] devant nous Louis Vergne prêtre vicaire soubsigné et ce en conséquence de la publication des trois bans faite sans aucune opposition en cette dite paroisse de Riom ».
Le mariage avait donc respecté toutes les formes y compris par la présence de plusieurs témoins, à savoir Étienne Lacroix frère du marié et jardinier de sa
profession, Ligier Rousseau, serrurier, François Binet, fontainier, et Charles Descoteix, tailleur. Toutes ces personnes « ont signé [l'acte de mariage] excepté l'épouse et ledit Estienne Lacroix
» engageant ainsi leur responsabilité (et leur honneur) devant Dieu et les hommes. Quoi d'étonnant à cette union, me direz-vous ? Il y en eut des millions avant elle et il y en eut encore autant
après. Certes mais celle-ci sort de l'ordinaire non par le contenu des actes de fiançailles ou de mariage mais par les mentions marginales qui furent rajoutées, semble-t-il peu après. (Acte en
image ci-dessus)
En effet on peut lire au bas de l'acte de mariage le texte suivant : « Il y a une sentence en l'officialité (l'officialité était un tribunal ecclésiastique chargé déjuger entre autres les mauvais religieux, les entorses aux sacrements, etc.) contre ledit prétendu Lacroix qu'on a trouvé estre une fille travestie en garçon. La sentence est inflictive contre ladite fille pour avoir abusé du sacrement de mariage. » ... Le curé Louis Vergne, zélé catholique qui ne laissait pourtant rien au hasard à en croire d'autres témoignages écrits, avait marié deux femmes.
Un sacrilège inacceptable à l'époque. Quelle peine fut infligée à la fautive ? La mention marginale de l'acte de fiançailles explique qu'elle « a esté condamnée par Mr l'official à jeûner, etc. » sans plus de précision sur le « etc. ». En l'état actuel des connaissances sur cette obscure affaire, une bien faible peine pour un tel « crime » à l'époque.
Affaire de gros sous entre deux familles de l'artisanat textile ? Mariage d'amour célébré avec la complicité de la famille et des amis ou en ayant berné ces derniers ?
Quoi qu'il en soit le curé de Riom célébra il y a plus de 300 ans un mariage homo.
Une curiosité à connaître non ? Et si en plus il s'agissait bien d'une belle idylle amoureuse ...
A cette époque la sentence était la mort sur le bûcher pour tout acte homo; y compris pour les animaux. seules les gens de grande famille y échappaient.
Si par célébrer les fiançailles on entend...
... Faire la fête à deux ou avec quelques amis triés sur le volet pour fêter l'évènement décemment alors c'est oui.
Si par contre, comme on le voit trop souvent, c'est pour en mettre plein la vue avec un mariage ou des fiançailles hors de prix et inviter 1 500 personnes dont des parfaits inconnus tout ça pour s'afficher et signer officiellement un bout de papier qui à mes yeux aurait bien moins de valeur qu'un simple geste (comme un cadeau tout bête quel qui soit provenant de l'homme que j'aime) alors non.
Je ne suis ni Jennifer Lopez ni Victoria Beckham et je n'ai pas besoin d'une bague en diamant ou autre babiole aussi chère qu'inutile pour savoir que l'on m'aime.